Helios, dieu du soleil, a une fille : Circé. Elle ne possède ni les pouvoirs exceptionnels de son père, ni le charme envoûtant de sa mère mais elle se découvre pourtant un don : la sorcellerie, les poisons et la capacité à transformer ses ennemis en créatures monstrueuses. Peu à peu, même les dieux la redoutent.
Son père lui ordonne de s'exiler sur une île déserte sur laquelle elle développe des rites occultes et croisent tous les personnages importants de la mythologie : le minotaure, Icare, Medée et Ulysse....
Mais cette existence de femme indépendante et dangereuse inquiète les dieux et effraie les hommes. Pour sauver ce qu'elle a de plus cher à ses yeux, Circé doit choisir entre ces deux mondes : les dieux dont elle descend, les mortels qu'elle a appris à aimer.
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J'ai entendu pas mal parler de ce livre sur les blogo/youtubo-sphère littéraire, que ce soit sur des chaînes en anglais ou en français, et ça m'intriguait. J'ai longtemps été intéressée par la mythologie grecque, et m'y replonger à travers ce livre me tentait beaucoup.
L'une des choses que j'ai particulièrement aimé dans ce bouquin, c'est l'évolution de Circé, d'enfant à femme. Je trouve que c'est rarement aussi bien dépeint et visible, les changements dans le caractère, dans les réflexions, et.. je ne sais pas, ça m'a vraiment frappée ici, et c'était très réaliste, je trouve.
Et en même temps, c'est difficile de ne pas se focaliser sur ça, dans un personnage qui vit seul sur une île. Mais pour autant on ne s'ennuie pas, car d'autres personnages interviennent, et amènent leur bout du monde avec eux, et ça donne un rythme à l'histoire.
On plonge à différents moments de la vie de Circé, de manière épisodique, mais sans que cela coupe le récit ou entraîne une frustration. On retraverse quelques passages bien connus de la mythologie, avec son point de vue, ainsi qu'avec l'avancée étrange du temps pour quelqu'un qui le vit très différemment de nous. Et forcément, l'avantage d'écrire sur un personnage dont on ne sait pas grand chose, comme Madeline Miller brode avec des bribes de mythologie existantes, c'est qu'on peut inventer et observer des personnages connus avec un nouvel angle, Circé comprise.
La plume de l'auteur entraîne et nous fait perdre tout autant la notion du temps que notre héroïne isolée. Je l'ai donc dévoré, en ne voyant pas le temps passer, malgré l'épaisseur du livre. Et donc, en conséquence, je suis curieuse de découvrir son autre, Le Chant d'Achille. D'autant que ses livres peuvent se lire dans n'importe quel ordre, avec ou sans connaissances sur la mythologie greque.
Et puis, il faut bien avouer que cette édition est particulièrement chouette avec ses rainures couleurs bronze.
Citations :
"Il avait eu deux enfants, qu’il n’avait pu voir ni l’un ni l’autre pour ce qu’ils étaient vraiment. Cela dit, peut-être qu’aucun parent n’est capable de voir son enfant ainsi. En les regardant, nous ne voyons que le reflet de nos propres défauts."
"On peut apprendre à une vipère à vous manger dans la main sans pour autant lui enlever le goût de mordre."
" Toute ma vie j'avais attendu d'être rattrapée par une tragédie. Je n'avais jamais douté de cette éventualité, car mes désirs, ma défiance et mes pouvoirs représentaient plus que ce que les autres pensaient que je méritais et tout cela attirait la foudre."
"Quand je suis née, le mot désignant ce que j'étais n'existait pas."
2018, 549p.
Editeurs : Pocket
Titre original : Circe
Ils en parlent aussi : Blackwolf, ...