Max arrive de Pologne dans les années 30, il est cordonnier dans le quartier du port à Rio de Janeiro. Quand la dictature décide de surveiller les "subversifs" étrangers, la police oblige Max à traduire tout le courrier échangé en yiddish. Et traduire Hannah, les lettres si sages, si édifiantes qu'elle écrit à sa soeur Guita à Buenos Aires, bouleverse la vie du cordonnier. Il part à sa recherche. Entraîné dans une avalanche de péripéties cocasses, Max va recevoir une étrange éducation sentimentale, au centre d'un monde où personne n'est ce qu'il dit être. La traduction des lettres de Hannah va devenir un défi plus incontrôlable que les sentiments du cordonnier. Pris dans un imbroglio politique et familial, entre flics et prostituées, entre désespoir et humour, tous les héros de cette histoire vont laisser tomber les masques et nous découvrir une réalité absurde et complexe.
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Je regardais par curiosité les titres de Masse Critique, l'opération de partenariat de Babelio, sans être trop motivée par ceux que je trouvais, quand je suis tombée sur celui-ci. Le résumé n'était pas le même et me laissait penser que cela serait beaucoup plus axé sur la deuxième Guerre Mondiale en Pologne qu'à celle-ci vécue de loin, mais avec ses incidences, au Brésil. Du coup, il y a cette petite déception. Malgré tout l'histoire était chouette, les personnages intrigants, le tout sous un couvert d'espionnage et d'espionnés, qui ne sont pas toujours ceux que l'on croit.
Seulement, j'ai eu du mal avec le personnage principal. On passe très subitement de "Max traduit Hannah" à "Max veut absolument rencontrer Hannah" sans une indication quelconque du fait qu'il s'intéresse et s'attache à cette personne derrière les lettres. J'ai vraiment eu du mal à le trouver vraiment crédible en fait. Tout sonnait toujours trop précipité, pas réaliste avec lui. Hannah est déjà bien plus intéressante, derrière ses apparences. Elle sait ce qu'elle veut, ce qu'elle fait, où elle va. Elle n'a pas de patron, elle fait ce qu'il faut pour obtenir ce dont elle a besoin, mène les gens par le bout du nez pour ne pas se faire elle embobiner. Alors certes, là aussi, c'est un peu trop "facile" de dépeindre une femme autonome et intelligente sans faille ou presque, mais du coup la démesure est grande quand elle nous dépeint ses rares moments d'oublis. Il en va de même pour Guita ou les autres personnages secondaires qui semblent bruts, pas soignés et stéréotypés, j'ai trouvé ça dommage.
En somme, l'auteur a de très bonnes idées, mais y a encore du travail à faire derrière les personnages, à mes yeux, pour rendre le tout plus crédible. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié la dernière scènes, projetée dans le présent, où Max était bien plus appréciable et crédible, à mes yeux. Mais bon, tout n'est pas perdu, l'histoire est chouette, et c'est vraiment intéressant d'avoir une perspective autre qu'européenne à la deuxième guerre mondiale et ses conséquences, avec une touche de culture juive et d'hebreu/yeddish par moments. Une lecture sympathique, donc, mais qui gagnerait à voir ses personnages brossés avec plus de réalisme.
2013, 226p.
Editeurs : Métaillé
Titre original : Traduzindo Hannah