Vida Winter, auteur de best-sellers vivant à l'écart du monde, s'est inventé plusieurs vies à travers des histoires toutes plus étranges les unes que les autres et toutes sorties de son imagination. Aujourd'hui, âgée et malade, elle souhaite enfin lever le voile sur l'extraordinaire existence qui fut la sienne. Sa lettre à Margaret Lea est une injonction : elle l'invite à un voyage dans son passé, à la découverte de ses secrets. Margaret succombe à la séduction de Vida mais, en tant que biographe, elle doit traiter des faits, non de l'imaginaire. Et elle ne croit pas au récit de Vida. Dès lors, les deux femmes vont confronter les fantômes qui hantent leur histoire pour enfin cerner leur propre vérité...
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A trois ou quatre reprises, ma belle-sœur m'a mentionné ce livre ces derniers mois ,en me disant qu'il fallait que je le lise, qu'il était très bien, qu'il devrait me plaire, etc. J'ai fini par aller l'acheter au détour d'une balade à St Michel avec le sieur Léo il y a environ un mois et demi. Et du coup nous y voilà, j'ai enfin lu ce livre, et je suis contente d'y avoir été incitée parce qu'il est vraiment très chouette.
Déjà, ça commence dans une librairie, avec une jeune femme passionnée de bouquins, qui les entretiens, les feuillettes et les chéris, et son père qui achète des exemplaires rares dans des ventes aux enchères. Mais passé ce début, l'histoire prend une toute autre dimension, on plonge dans la vie de Vida Winter, sans trop savoir ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas, avec des indices semés de ci de là pour essayer de dénouer la trame. Une histoire passionnante et très bien amenée, avec des pauses aux allures d’enquêtes.
Bref, le roman est très bien construit, sait tenir son lecteur en haleine et l'inciter à ne pas poser le livre jusqu'à la fin (heureusement que j'étais fatiguée et que je n'arrivais pas à "ne pas poser le livre" tellement j'avais besoin de dormir, j'ai pu le savourer plus longtemps).
On sent rapidement venir les points communs entre Vida et Margaret, on est intrigués par leur passé respectif, sans parler de tous les personnages qu'ils contiennent (principalement dans celui de Vida) qui sont tous plus intéressants les uns que les autres. Le dénouement surprend, même si les indices pointent vers celui-ci tout au long du roman, très discrètement. Et si parfois une impression de malaise se faufile de part les personnalités parfois inquiétantes de certains personnages, on ne peut s'empêcher de vouloir en savoir plus, de tout comprendre, de lier les pièces entre elles pour avoir le fin mot de l'histoire. Et bien évidemment, une fois le livre fermé, on brûle de le relire maintenant qu'on sait tout pour mieux saisir les petits détails laissés volontairement par Vida tout au long de ce recit.
Et puis ce mystérieux treizième conte (j'avais une hypothèse qui ne s'est pas avérée vrai mais que je trouve quand même chouette et que je considère vraie quand même, na.)...
En somme, une histoire de famille prenante, intrigante et passionnante qui se lit très facilement et qui happe jusqu'à la dernière page. La fin légèrement en suspend, qui nous ramène à la réalité, laisse au lecteur le loisir d'interpréter certaines des dernières phrases comme ils l'entendent sur la vie de la narratrice, sans nous laisser sur notre fin ou omettre de répondre aux questions cruciales. Et c'est parfait comme ça.
Si vous avez l'occasion d'avoir ce livre entre les mains, mangez-en, c'est d'la bonne.
Citations :
"Je consultai l'ordonnance. D'une écriture vigoureuse, il avait inscrit : Sir Arthur Conan Doyle, Les Aventures de Sherlock Holmes. Prendre dix pages, deux fois par jour, jusqu'à épuisement du stock."
"Vous connaissez ce sentiment qui vous vient quand on commence un nouveau livre avant que la membrane du précédent ait eu le temps de se refermer complètement? Les idées, les thèmes et même les personnages du dernier ouvrage ont imprégnés les fibres de vos vêtements, et quand vous ouvrez le suivant, ils sont toujours là."
"Tout le monde a une histoire. C'est comme la famille. On peut ne pas la connaître, l'avoir perdue, mais elle existe. Il se peut qu'on s'éloigne d'elle, qu'on lui tourne le dos, mais on ne peut pas dire qu'on n'a pas de famille. Même chose pour les histoires. Tout le monde en a une."
2006, 567p.
Editeurs : Pocket
Titre original : The Thirteenth Tale