La Révolution française a échoué et dans une monarchie rétablie où Gambetta et Jules Ferry, qui voulaient populariser l'instruction obligatoire et laïque, ont été assassinés, l’accès au savoir est interdit au peuple. Les pauvres, nommés les "cous noirs", survivent comme ils peuvent, et l'élite seule profite du confort et des nouvelles technologies. C'est alors que des instituteurs commencent à donner des cours aux enfants clandestinement.
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Jean est un cou noir, un enfant du peuple, qui doit travailler durement pour vivre. Clara est fille de la haute société, son père travaille pour le roi. Sa famille est riche, et elle va bientôt épouser un homme qu'elle n'a encore jamais vu, pour créer des relations entre les deux familles. Mais à son âge, se marier, ça ne la tente pas franchement (et on la comprend).
On suit, chapitre après chapitre, le déroulement de la vie de ces deux jeunes adolescents, des deux côtés du monde tel qu'il aurait été si l'école n'avait pas été rendue obligatoire, et qu'elle avait même été proscrite pour le peuple. On découvre leurs modes de vies, leurs rencontres, les difficultés auxquelles ils doivent faire face, et on s'attache à ces deux gamins.
Le style est fluide, les pages s'enchaînent sans même que j'aie le temps de réaliser que j'avais déjà passé la moitié du livre. Les personnages sont bien ancrés dans leur vécu, avec le caractère à eux. On découvre une France de 2008 dans un contexte ressemblant davantage à celui des siècles précédents qu'à nos jours, mais avec quelques percées de technologie très masquée, puisque proscrite.
Sinon, j'ai trouvé ça fun de retrouver des noms de (pas trop grandes) villes que je connais, où je vais parfois ! Ca m'a fait tout bizarre, surtout dans un roman qui ne semble pas se passer en 2008, alors que si !
C'est marrant aussi comme l'un des personnages secondaires m'a étrangement fait penser à la créature de Frankenstein !
Ca faisait un moment que j'avais envie de découvrir les livres de Pierre Bordage, et celui en particulier, qui est classé en SF-Uchronie (= Et si ça c'était passé différemment ?...). Eh bien je suis très contente de l'avoir fait, et maintenant j'ai envie d'en découvrir encore davantage, si il écrit aussi bien et qu'il invente des histoires aussi bien que celles-ci ! (entendons-nous bien, c'est bien en tant qu'histoire, pas en tant que réalité, et je n'approuve pas du tout ce que le monde est dans ce livre, l'histoire est juste très intéressante. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit :P). Une belle découverte, donc !
Citations :
- "Les rois disent que c'est Dieu qui les a installés sur leur trône, mais quand on lit le livre, on voit bien qu'ils s'y sont installés tout seuls."
- "De même, on avait refusé une autre merveilleuse invention : la machine à laver. On avait pensé que les femmes, désoeuvrées, pousseraient leurs maris à se révolter, à réclamer des droits. On se souvenait des furies de la Révolution, ces harpies braillardes et cruelles qui réclamaient le sang des aristocrates dans les allées de l'Assemblée. Il fallait donc occuper les femmes, et il n'était pas question de mettre sur le marché une machine qui leur ferait gagner du temps."
2008, 318 p
Editions : J'ai Lu
Ils en parlent aussi : Lalou, El Jc, Maxo0, Phooka, paikanne, ...