Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois.
Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.
Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches.
Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.
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Ce livre a réussi l'exploit assez particulier de me diviser. Je m'explique :
L'histoire est vraiment bien pensée, les personnages sont creusés, crédibles, la thématique très peu exploitée en littérature est vraiment bien trouvée. Une lecture toute en poésie, et en affection.
Seulement voilà, l'auteur, ayant été professeur de philosophie, n'hésite pas à glisser des réflexions de plusieurs pages qui par moment m'ont parfois profondément ennuyée ! Si je voulais lire de la philo j'aurais r'ouvert Le Prince de Machiavel, ou j'aurais été farfouiller dans les livres d'Anna Arendt, de Kant, de Marx ou d'autre. Mais la philo, j'aime pas franchement ça. Enfin tout dépend du sujet et de la manière dont c'est amené quoi..
J'ai rien contre la réflexion, tout ça, mais pas quand c'est trop complexe, quand j'essaye de me détendre de mon quotidien qui me bouffe 99% de mon temps. Alors j'avoue sans scrupule que j'ai sauté quelques paragraphes parce que ce qui m'intéressait c'était l'histoire, et certaines réflexions utiles à celles-ci, pas les développement interminables sur l'Art. Je trouve en fait que certaines parties sont franchement bien dosées, niveau réflexion, mais parfois, tout un chapitre, ça me soûle.
Bref, en dehors de ça, j'ai vraiment bien aimé l'histoire. Les personnages principaux sont attachants, même si je n'adhère pas toujours à leur façon de voir les choses. Je pense que la réflexion générale sur le sens de la vie suffisait, sans y avoir a rajouter des pages de réflexion sur d'autres choses directement liées ou non. Un paragraphe je dis pas, mais pas 3/4 pages, ça perd dans l'histoire.
La première partie du livre était un peu lente, j'ai trouvé. L'histoire commence à prendre une tournure intéressante à l'arrivée de M. Ozu qui ajoute une touche vraiment agréable au déroulement.
La fin m'a émue. (spoilers) J'ai beaucoup aimé cette façon d'attirer l'attention sur Paloma qui veut se suicider alors qu'au fond, le livre parle de Mme Michel avant tout, comme le titre nous en informe, et que le retournement de situation final pouvait s'attendre. J'ai eu quelques doutes d'ailleurs, quelques soupçons, pendant un moment, mais j'ai fini par les oublier au fil de ma lecture, jusqu'au moment fatidique. (spoilers)
Bref je suis partagée entre le fait d'avoir vraiment bien accroché à l'histoire et celui d'avoir été gonflée par les parties trop ancrées dans la réflexion (surtout que je ne m'attendais vraiment pas à ça en ouvrant le livre, je pensais que ça serait beaucoup plus léger). Ca reste cependant une lecture agréable :)
2006, 410 p.
Editions : Folio
J'ai lu ce livre dans le cadre d'une lecture commune avec revelation, Yogi, Mélusine, Anneso, Christine, Lecturevvv, Nathalie, Setsuka, Marmotte et Stellade.