Afrique, après l’apocalypse. Le monde a changé de bien des façons, mais il est une région où les génocides inter-tribaux continuent d’ensanglanter la terre.
Une femme survit à l’anéantissement de son village et au viol commis par un général ennemi. Elle erre dans le désert dans l’espoir d’y mourir, mais donne naissance à une petite fille dont la peau et les cheveux ont la couleur du sable. Persuadée que son enfant est différente, extraordinaire, elle la nomme « Onyesonwu », ce qui signifie, dans une langue ancienne : « Qui a peur de la mort ? »
À mesure qu’Onye grandit, elle comprend peu à peu qu’elle porte les stigmates physiques et sociaux de sa violente conception. Des pouvoirs magiques aussi insolites que remarquables commencent à se manifester chez elle alors qu’elle est encore enfant. Sa destinée mystique et sa nature rebelle la poussent à quitter son foyer pour se lancer dans un voyage qui la forcera à affronter sa nature, la tradition, l’histoire, l’amour, les mystères spirituels de sa culture, et à apprendre enfin pourquoi elle a reçu le nom qu’elle porte.
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Je trouve que ce que je lis manque un peu trop de diversité ethniques alors j'essaye d'ouvrir mes horizons pour m'éduquer. Forcément quand on m'a recommandé moult fois ce bouquin aux Imaginales, je n'ai pas hésité une seconde à l'acquérir.
L'histoire est écrite par une femme américaine d'origine nigériane, et se passe dans un futur post-apo' (même si rares sont les moments où on le comprend) dans la région du Soudan. Forcément, avec ce contexte, ça change de l'ambiance des récits SFFF centrés sur des blancs d'occident, ça aborde des thématiques similaires (tolérance, adolescence, le pouvoir, ...) mais d'autres moins fréquentes, dont certaines mises en scènes de manière parfois assez violentes et percutantes.
Et à ce propos, ce n'est clairement pas un livre à mettre entre les mains des plus jeunes, certains passages sont assez durs (TW: viol, mutilation génitales, ...). Mais ils ne sont pas là gratuitement, ils servent l'histoire et le contexte.
On retrouve des codes classique de la fantasy, avec la prophétie, la quête initiatique, l'apprentissage, la magie (même si elle prend une forme plus cohérente avec le folklore africain, plus spirituelle), etc., et d'autres de la SF notamment dystopique (société patriarcale, rébellion et colère/peur présents le long du roman) mais cela prend une saveur différente dans l'univers suscité, car la société et la culture sont différentes et les enjeux ne sont pas nécessairement les mêmes. D'autant que contrairement à pas mal de récits SFFF, celui-ci est résolument féministe.
Au niveau de l'écriture et des personnages, j'ai parfois eu un peu de mal avec certains dialogues qui me sortaient un peu du récit, que je trouvais moins crédibles, et certains passages m'ont parus un peu long, mais dans l'ensemble je ressors assez satisfaite de ma lecture.
Je m'enrichis de ces romans qui me sortent de ma zone de confort et de mes croyances et connaissances basées sur mon origine, ma situation géographique et mes privilèges. Ça rend plus humble, et plus ouvert au monde.
Pour finir, j'ai trouvé ça assez chouette tous les dessins "cachés" dans la couverture, beau boulot, je redécouvre des nouvelles choses à chaque fois que j'y jette un œil !
Citations :
* "La manière dont un enfant est conçu n'est ni sa faute ni son fardeau. "
* "Les anormaux se retrouvaient toujours à servir les gens normaux. Si vous refusiez, ils vous haïssaient… Et bien souvent, ils vous haïssaient même si vous les serviez. Comme ces filles et ces femmes ewu."
* "Il s'interrompit et me regarda intensément. "Vaut-il mieux donner ou recevoir? demanda-t-il.
- C'est la même chose. L'un ne peut exister sans l'autre. Mais celui qui s'acharne à donner sans recevoir est un idiot.""
* "Nous avions appris comment fonctionnait le pénis d'un homme.
Mais nous avions omis le passage sur le plaisir féminin."
2010, 550p.
Editeurs : ActuSF
Titre original : Who Fears Death?
Ils en parlent aussi : Blackwolf, Ptitetrolle, BambiSlaughter, ...