
Lorsque Qinaya, une orpheline péruvienne de 4 ans, est adoptée par une famille française, c’est la vie de tous qui est chamboulée. Mais pour Gabriel, ce sera encore plus compliqué : il lui faudra apprendre à devenir grand-père, lui qui n’a jamais pris le temps d’être père. Des premiers contacts un rien distants aux moments partagés, Gabriel et Qinaya vont peu à peu nouer des liens que même le vieux bourru était loin d’imaginer.
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J'étais tombée sur le tome 1 un peu par hasard en me baladant en librairie, de mémoire. J'étais intriguée par la couverture et le pitch, et sur ces deux personnages qui semblaient diamétralement opposés.
Dans ces deux tomes, on se place davantage du point de vue de celui de Gabriel que celui de Qinaya, et Gabriel est un homme ronchon qui aime boire un verre avec ses copains et vivre sa petite vie tranquille.
En conséquence de quoi, ce dyptique BD n'est pas orienté jeunesse, le langage peut être parfois un peu cru, alors je ne conseille pas forcément pour les plus jeunes (ados pourquoi pas mais avant, p'tet pas).
Se retrouver face à une jeune fille de 4 ans qui ne parle pas un mot de sa langue, quand on est un vieux grincheux qui n'a rien demandé, et qu'on a pas forcément été un père exemplaire, ni très présent, pour ses deux enfants, ça a de quoi décontenancer. Mais forcément, le langage ne composant qu'une partie de la communication, la barrière n'est pas assez forte pour empêcher ces deux là de marquer la vie de l'autre à jamais.
Ce n'est pas une histoire d'aventure, c'est une tranche de vie de plusieurs personnages, où les événements ne se succèdent pas avec un rythme endiablé, mais où l'on s'attarde sur quelques scènes clés dans l'évolution des personnages.
La fin du tome 1 nous laisse dans un désarroi certain, et le tome 2 porte un goût doux-amer et à la fois important pour le lecteur qui suit Gabriel dans son évolution. Le ton change, l'histoire prend une tournure assez différente.
Dans ces deux tomes, le texte porte les émotions et l'humour avec brio et je me suis délectée de certaines tournures de phrases.
Et ce qui est chouette, d'autant plus que la petite n'a qu'assez peu de dialogue, ce sont les pages de croquis en fin de tome qui nous laisse entrevoir le travail de l'illustrateur pour faire parler ce petit personnage à travers son corps et son visage.
En somme, si les deux tomes ont des ambiances assez différentes, l'histoire évolue avec beaucoup de réalisme, je me suis attachée aux personnages, j'ai été touchée par ce fragment de leur vie que Zidrou et Monin composent sur ces planches. J'y repense avec nostalgie et j'en ressors probablement un peu grandie.
Citations :
"Parfois je me demande... tout cet amour qu'on a pas donné... qu'est ce qu'il devient ? Je veux dire... personne n'a jamais pensé à installer des conteneurs pour le recycler ? Vous savez comme pour les piles ou les vieux papiers."
"Qui inventera une échelle pour mesurer l'amplitude des émotions dans le cœur d'une petite fille de 4 ans."
"Durant quelques minutes la terre trembla de plaisir ? de froid ? Un séisme de 8.4 . Ce bon vieux Richter en eût rougi de plaisir."

T1 :
2016, 66p.
T2 :
2017, 72p.
Editeurs : Bamboo (Grand Angle)