Et si le dénouement de la Seconde Guerre mondiale n'était pas celui que l'on connaissait ?
200 ans après la victoire d'Hitler, Germania n'est plus un mythe. La race aryenne tant espérée par le Führer domine le monde et toutes les autres ethnies ont été éradiquées de la planète.
Krista, jeune Aryenne, travaille dans un Lebensborn. Elle a été élevée dans le moule de la race pure et ne connaît que ce mode de vie, jusqu'au jour où elle suit malgré elle une femme dans les égouts de la ville. Ce qu'elle y découvre va ébranler toutes ses convictions et peut remettre en question le fonctionnement même du monde dans lequel elle vit.
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L'histoire se passe à Germania (nom latin de la Germanie, et donc de l'actuelle Allemagne, dans l'antiquité), mais on comprend assez vite que Germania désigne ici la ville de Berlin et non toute l'Allemagne.
Le concept de base est assez intéressant, l'Allemagne nazie a gagné la guerre, il ne reste que des Aryens, les Lebensborn s'assurent qu'aucun bébé non-Aryen ou en mauvaise santé ne vive (j'ai dit intéressant, pas que ça ne me faisait pas frémir d'horreur, mais c'est l'utilité de ce genre de sujet, ça fait réfléchir), et où tout le monde est élevé dans la supériorité de l'Aryen sur ces autres horribles peuples. Forcément on se doute que l'héroïne va rencontrer quelqu'un qui va à l'encontre de toutes ses croyances.
Le problème, c'est que si l'univers est intéressant, la réalisation ne m'a pas convaincue.
J'ai été agacée par le fait que la demoiselle prenne une décision qui change complètement toute sa vie parce qu'elle a un crush pour un mec qu'elle connait à peine et qu'elle déteste vaguement à ce point de l'histoire, et non parce qu'elle se rend compte que son éducation ne va pas. Je veux bien que ça prenne du temps de repenser toute son éducation, ce qui est d'ailleurs le cas là, mais si elle est à ce point formatée, c'est assez invraisemblable que juste à cause de ses hormones elle puisse le trouver beau alors qu'il est différent de toutes ses croyances, et qu'elle voit au premier coup d’œil qu'il est ce qu'elle déteste, à l'inverse de, disons, Roméo et Juliette, qui dans un premier temps ne se voient qu'à travers un masque et ne savent donc pas qui est l'autre.
L'histoire entre les deux personnages (qui sont des têtes-à-claques, l'un comme l'autre, mais ça n'est pas incompatible avec un bon roman) prend une part beaucoup trop grosse à mes yeux dans cette histoire qui tient plus de la romance sur fond de dystopie, que de la dystopie vraiment.
J'en arrive à la réflexion suivante : est-ce vraiment toujours nécessaire de caler des romances dans les bouquins ados ? Je sais qu'il y a les hormones qui travaillent mais quand même.. Surtout que je la trouve limite forcée/pas crédible ici, et puis si ça doit se produire, est-ce qu'il y a vraiment besoin que ça soit l'élément qui change toute l'histoire, et que ça prenne une telle place ? Les personnages ne sont pas toujours cohérents avec eux même, et sont trop sanguins, le début de la rencontre entre les deux mondes est assez chiant à se farcir tellement c'est limite juste à base de "sale Aryenne"/"sale Juif". Du coup l'écriture ne m'a pas franchement aidé à y croire vraiment.
Un autre truc qui m'a dérangée : Le récit est raconté au présent, ce qui peut être très sympa, sauf qu'ici, dès le début elle justifie ses pensées pas géniales alors qu'elle n'a pas encore vécu ce qui lui fait changer d'avis sur sa façon de voir le monde, et ça semble peu crédible : à ce stade, elle est encore dans l'état d'esprit Aryen, même si elle a du mal avec certains aspects de son métier. Ça aurait été raconté au passé, ça donnerait l'idée qu'avec le recul elle se rend compte que c'était pas top comme discours mais qu'à l'époque elle s'en rendait pas compte, là ça n'a pas franchement de sens.
Vous l'aurez compris, malgré une idée de base qui me tentait bien, je n'ai pas vraiment apprécié ce roman qui m'a fait lever plus d'une fois les yeux au ciel tant l'histoire n'est limite qu'un prétexte à la romance, romance qui, comme dit plus haut, est assez peu crédible à mes yeux. Quand j'ai découvert le livre, ni le synopsis, ni les catégories associées (SF et Jeunesse) ne laissait entendre qu'il y aurait une romance aussi présente, et du coup j'ai l'impression de m'être faite avoir, parce que les romances c'est pas plus que ça mon truc, faut vraiment qu'elles soient bien écrites, et que ça reste à petite dose, donc je n'aurais pas été vers ce livre si j'avais su, et je n'ai pas eu assez de l'univers que j'imaginais en commençant le livre.
Même le twist final, qui était plutôt bien vu (et que je n'ai pas vu venir du tout, d'ailleurs, chapeau !), n'a pas suffit à rattraper mon intérêt. Je ne pense donc pas lire la suite..
Citations :
* "Pour la première fois de ma vie, je me demande si nos actes sont réellement légitimes et s'il n'existe qu'une seule façon de voir et de faire les choses. Avons-nous le droit de décider qui doit vivre ou mourir pour une question de race ?"
* "Mais de temps à autre, certaines choses me déroutent, même si elles s’inscrivent dans la normalité. Je sais depuis que je suis en âge de parler et de comprendre que l’imperfection n’a pas sa place dans notre société, alors je passe outre ces questions qui, parfois, me traversent l'esprit. Notre Führer dit qu’on ne peut pas se permettre de laisser l'humanité se grêler d’êtres incompatibles avec l’excellence. Et parce que j’ai vu le jour dans cet univers cloisonné et réglementé, il ne me viendrait pas à l'idée de penser différemment." (alors pourquoi tu penses cette dernière phrase, là ?)
* "La cruauté n'a ni couleur de peau, ni religion."
2017, 294p.
Editeurs : Rebelle (Galactée)
#ISBN:9782365385230
J'ai lu ce bouquin dans le cadre du PLIB 2018.