Été 1942. Loin de la persécution nazie qu’ont fuie ses parents, un enfant juif se cache sur les bords de la Dordogne. Protégé par les Lachaume, simples fermiers, Daniel, 10 ans, entre dans un monde inimaginable pour lui. À mesure que la rumeur de la guerre s’éloigne, le petit citadin découvre les travaux des champs, les secrets de la nature et la chaleur d’une famille paysanne.
Il découvre aussi Lisa, la princesse de ce royaume menacé. Elle a son âge, elle ne parle pas, on dit qu’elle « n’est pas comme les autres ». Lisa attendait tout simplement Daniel pour vivre avec lui la plus singulière et la plus émouvante des histoires d’amour…
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On suit donc l'histoire de David Daniel, parisien délocalisé à la campagne chez des gens qu'il ne connait pas. Entre les grands parents, la mère, et Lisa, qui sont adorables et contents d'accueillir le petit, et le père qui chante un tout autre son de cloche, on oscille entre les moments doux et chaleureux, et les effrayants.
On oublie parfois que Daniel est juif, et qu'une épée de Damoclès flotte au dessus de sa tête en permanence, tant le style nous porte dans le quotidien d'un enfant de la ville qui découvre la vie de la campagne, le travail de la ferme, la différence. Un enfant perdu, qui s'inquiète pour ses parents, et qui ne sait pas trop quel sera son futur.
Ce n'est pas nécessairement le genre de bouquin que je lis beaucoup, mais c'était une lecture assez agréable. Le style est plutôt fluide, les personnages sont attachants (enfin la plupart). Le résumé vend ça comme une histoire d'amour merveilleuse et blabla, honnêtement je n'en parlerai clairement pas comme ça. Alors certes, il y a une relation indéniable entre les deux petits, mais déjà l'histoire ne se centre pas sur ça mais plus sur Daniel, et en plus, je ne l'ai pas ressenti comme une histoire d'amour, plus comme une très forte amitié qui avec le temps pourrait évoluer autrement.
Evidemment à travers Lisa, même si on ne voit pas par ses yeux mais par ceux de Daniel, on aborde aussi la notion du handicap, puisqu'elle ne parle pas, ou très peu, et les conséquences que ça a sur son environnement. Elle est décrite comme une enfant de 10 ans, mais elle semble, en plus de son quasi-mutisme, se comporter comme une enfant plus jeune, ce qui fait qu'à plusieurs reprise je me suis demandée si elle n'avait pas également un handicap mental, ce dont je suis toujours persuadée après coup, bien que ça ne soit pas très important, d'autant qu'on parle d'un personnage fictif.
J'ai été aussi très surprise par la fin, que du coup je ne voyais pas du tout venir. Ou plutôt j'y pensais de temps à autres mais sans y croire. Et du coup assez contente de m'être fait surprendre par l'auteur. Je n'en dirai pas plus évidemment pour ne pas spoiler, mais en tout cas, cette lecture a été une agréable surprise, et qui changeait un peu de mes paysages littéraires habituels.
Citations :
* "Pour la consoler, il lui parlait de la mer, des bateaux, de la plage où ils se rendraient une fois ses parents revenus, il inventait des mots qu'elle semblait comprendre, qui allumaient dans ses yeux des lueurs où, semblait-il, l'intelligence allait éclore. Elle ne le quittait jamais, vivait comme lui, s'attachait à son regard, à ses gestes, à sa voix, avec une attention admirative. "
* " - «Le monsieur au béret, qui c'était ?
- Le président de la Légion ; il faut s'en méfier parce qu'il renseigne les gendarmes, mais au fond il n'est pas mauvais. »
Baptiste ajouta, après un instant :
- « Ne lui parle pas, si tu le rencontres ; c'est pas la peine de tenter le diable. »
La respiration de l'enfant se précipita, une ombre passa devant ses yeux."
1987, 319p.
Editeurs : Pocket