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Lis tes ratures !!

Parce que jouer sur les mots quand on parle de bouquins, c'est méta.

Pauline Alphen - L'Odalisque et l'éléphant

Publié le 18 Avril 2014 par Lyra Sullyvan in Romans français, Conte, Pauline Alphen, 2014, Jeunesse, Female lead, Hachette, Autrice

Leila a 7 ans. Toute petite odalisque, elle glisse sur ses babouches dans les couloirs ailés du palais. Elle rencontre le Sultan. Il tombe amoureux. Paf ! Tomber amoureux d’une odalisque minuscule à cause de ses oreilles, cela vous semble surprenant ? Leila a 15 ans. Le Sultan reçoit un cadeau. Le plus énorme, le plus puissant, le plus sage, le plus courageux, le plus rond, le plus rare de tous les cadeaux. Leïla tombe amoureuse du cadeau du Sultan. Cela vous paraît troublant ? Ce livre va vous raconter des histoires impossibles, des histoires dont vous avez rêvé, des histoires que vous avez oubliées. Il rend toutes les histoires d'amour impossibles, possibles !

J'ai découvert Pauline Alphen avec sa série de bouquins Les Eveilleurs, dont j'ai déjà parlé (et dont le tome 4 s'impatience dans ma PAL). J'aime beaucoup son style, ses référence et le ton de ses livres, du coup j'avais poursuivi mon exploration avec Gabriel et Gabriel, et quand Babelio a proposé L'Odalisque et l'éléphant, dans la dernière édition de Masse Critique, je ne pouvais décemment pas passer à côté. Et j'ai bien fait, parce que ce livre est un petit bijou.

L'Odalisque et l'éléphant a d'abord été écrit en portugais, si je me souviens bien (l'auteur est franco-brésilienne) puis elle l'a réécrit/traduit en français par la suite.

On y découvre Leila, une jeune odalisque qui n'a pas tellement envie d'aller à ses cours de danse du ventre ou de nom du Sultan (cours d'apprentissage d'adjectifs/noms avec lesquels on peut s'adresser à celui-ci, comme par exemple "Votre Onirique Majesté") et autre joyeusetés inhérentes à ce statut dans le harem. Non, Leila, ce qu'elle aime, c'est les histoires des Schéhérazade, avec qui elle aime passer du temps. Et évidemment, les choses évoluent d'une manière inattendue pour la jeune fille quand le Sultan la rencontre accidentellement.

Les rêves de l'éléphant, personnage touchant s'il en est, me faisaient me demander où l'auteur voulait en venir, mais je ne me posais pas trop de question sachant qu'elle apporterait probablement un sens à tout cela dans les pages qui suivent. Du coup, on se retrouve bercés par des contes, des légendes, avec une certaine poésie et beaucoup de douceur. Les personnages parfois un peu caricaturaux, mais probablement à dessein, sont malgré tout attachants et la légèreté avec laquelle des faits tragiques sont racontés leur donne un aspect dérisoire et allègent l'aversion que l'on peut ressentir pour certains personnages.

Et à travers cette histoire et les différents récits qu'elle contient, ce roman est un condensé de références : des passages de différentes mythologies ou de contes, des insertions de paroles de chansons, de phrases de romans/pièces de théâtre. Pauline Alphen les insère l'air de rien, au milieu d'un dialogue, et d'un ton naturel qui fait que si on ne connait pas le support d'origine, on ne se rend pas compte de l'allusion. Tomber sur "la terre [est] bleue comme une orange" d'Eluard au détour d'un passage m'a -limite- mis les larmes aux yeux. J'ai d'ailleurs apprécié pouvoir parcourir la liste de tous les auteurs originels de ces références, mentionnés à la fin. Je n'en avais pas repéré les 2/3 !

Et pour finir, cette édition est vraiment magnifique, une couverture en dur, du papier glacé, les illustrations qui sont vraiment magnifiques (soit une page entière d'une illus', soit un dessin en noir et blanc après le texte dans un chapitre), ... il y a même un lot de cartes postales insérées dans le livre, avec les illustrations du bouquin dessus.

Citations :

"Il ne te reste qu'à te diriger vers le hammam, pour te baigner avec les 7 sels, te frotter au ghassoul, te dorer au henné, revêtir les 7 voiles, donner 7 coups de brosse dans tes cheveux, dessiner tes paupières, tes cils et tes sourcils au khôl, parfumer les 7 orifices et supplier le Très-Haut qu'il t'aide à plaire à l'Insatiable, notre Maître ! Tu as... voyons... 7 minutes !"

"Le temps fit alors ce qu'il faisait déjà en ces siècles reculés et légendaires : il passa."

"Et s'il n'y avait pas de fatalité ? Si chaque mort n'était que l'opportunité d'une autre vie, une nouvelle aventure, un chemin différent vers la même destination ?"

 

2014, 180p.
Editeurs : Hachette
Illustrations : Charlotte Gastaut

N'hésitez pas à aller faire un tour sur l'article de blog de Pauline Alphen sur le livre.

Articles liés : Rencontre avec Pauline Alphen, Les Eveilleurs T1, T2, T3, Gabriel et Gabriel.

Commenter cet article
S
Mission du mois Lyra : lire un Pauline Alphen, celui que tu veux ^^<br /> Les extraits que tu as relevés sont très jolis, et globalement j'aime beaucoup les atmosphères de contes, je pense que celui-ci me plairait (ceci est un hint peu subtil).<br /> Et c'est chouette qu'il y ait la liste des références à la fin, un bon équilibre entre la référence trop subtile pour qu'on la comprenne et &quot;hey regardez, je connais des choses !&quot;
L
Hunhun, donc pas vraiment celui que je veux alors. :P De toute manière j'aurais pas mis une série donc ça aurait probablement été celui là. Je pense qu'il te plaira plus que Gabriel et Gabriel (même si &lt;3).<br /> Et oui, c'est pas mal comme ça (bon par contre t'as la liste des auteurs mais c'est pas lié aux références dans le bouquin, donc tu te dis juste &quot;ah oui j'avais bien deviné pour ça !&quot; ou &quot;tiens, j'ai rien vu qui me rappelle telle personne&quot;, mais c'est sympa, ça aurait été lourd de tout lier sinon).
K
Oh, le thème me tente bien. Et en plus, comme tu dis, l'édition a l'air super jolie!
L
Oui, pourtant je suis pas forcément fan de ce genre de dessin en temps normal, mais là ça rend vraiment chouette. Ça rend bien l'aspect un peu mille et une nuit évoqué dans l'histoire à plusieurs reprises. :)