STOOOP NE PARTEZ PAS. La couverture fait romance à l'eau de rose gnan-gnan JE SAIS, et le titre n'aide pas franchement, mais PROMIS, ce livre n'est pas une romance à l'eau de rose. C'est une vraie bonne histoire, alors ne zappez pas l'article à cause de cette couverture naze ! (Nonmého)
Sage Singer est une solitaire. Elle dort le jour et travaille la nuit dans une boulangerie, où elle oublie les blessures de la vie en pétrissant le meilleur pain de la ville. Quand elle rencontre Josef Weber, un vieil homme insomniaque, Sage a enfin le sentiment d’avoir trouvé quelqu’un à qui se confier. Malgré leurs différences, chacun devine les cicatrices intimes de l’autre, et une amitié inattendue voit le jour. Jusqu’au soir où Josef lui révèle le terrible secret qu’il cache depuis soixante ans et lui demande la plus incroyable des faveurs : le tuer. Confrontée à un choix moral impossible, Sage fouille dans l’histoire de sa famille pour tenter de résoudre son dilemme. Mais alors qu’elle plonge dans les horreurs de la Seconde Guerre mondiale à la recherche de la vérité, elle découvre que la frontière est parfois bien floue entre amour et trahison, justice et vengeance. Et elle devra répondre à la plus difficile des questions : certains actes sont-ils impardonnables ?
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Sita m'a littéralement mis le livre entre les mains, l'autre jour, en me regardant sévèrement et en m'imposant de le lire à coup de "OUI la couverture est naze, et que CERTES, le titre arrange pas franchement les choses mais que LIS LE, IL EST BIEN".
Et croyez-moi, il ne vaut mieux pas contrarier une Sita avec des sourcils froncés. D'ailleurs, elle s'illustre merveilleusement dans son article, sur ce même livre, en faisant la même expression à laquelle j'ai eu le droit en vrai, alors allez y jeter un oeil (et aussi parce que son blog est cool et que ça vous fait un deuxième avis sur le bouquin).
Bref, entrons dans le vif du sujet. J'ai eu un tout petit peu de mal à rentrer dans le bouquin dans un premier temps, parce que je ne saisissais pas bien qui parlait, ce qui était lié, ce qui ne l'était pas. Mais c'est normal, tout s'explique plus tard dans le bouquin. Les personnages sont attachants, ce qui rend complexe le sujet, et qui aide à se glisser dans l'histoire petit à petit.
Le sujet est évidemment poignant et décrit avec beaucoup de justesse (du moins j'en ai l'impression) la vie de l'Allemagne et de la Pologne pendant la 2e guerre mondiale, tout en abordant des sujets tendus mais très bien exploités. J'ai tendance à être très intéressée par les récits qui parlent de cette période et qui creusent un peu plus que la surface pour donner des informations plus parlantes sur ce qu'était vraiment la vie là bas, qui n'effleurent pas juste pour épargner les âmes trop sensibles ou par manque de recherche. Là on sent qu'elle connait bien son sujet et qu'elle sait de quoi elle parle. Il me semble important de vraiment comprendre les enjeux de tout ça pour pouvoir avoir une vue plus précise de ce qui s'est passé, pour le devoir de mémoire...
Et puis Judi Picoult ne tombe pas dans le piège de juger, de se positionner en tant que juive, et d'exposer une haine incommensurable à l'égard de la guerre et des nazis. Elle expose dans un style très agréable, les points de vue, les faits, mais ne donne aucune directive sur ce qui est la bonne façon de gérer la chose selon elle et on sent qu'elle aussi a fait un travail dessus.
Les personnages se découvrent au fur et à mesure du bouquin, ils ne sont pas tous balancés dès le début dans le récit, et j'ai trouvé ça chouette, nous laisser le temps d'explorer un peu chacun, se donner une idée de la direction de l'histoire avant qu'un nouveau personnage arrive et change la donne. Aucun n'est manichéen, chacun porte sa croix et son histoire, et à cette occasion, on découvre plein de petit bouts d'histoire dans l'histoire, et deux grandes histoires dans l'histoire de ce livre, bref, tout ce que j'aime :D
Puis pour finir, j'ai été contente de trouver des notions d'allemand (pour mettre à l'épreuve le peu de restes que j'en ai), traduites évidemment un peu plus loin pour qu'on en comprenne le sens, et également des petites anecdotes sur les traditions juives que je connais assez mal. Du coup, c'était l'occasion d'en découvrir un peu plus.
Comme quoi, il ne faut vraiment pas juger un livre à sa couverture parfois (je sais, ce n'est pas la première fois que je le dis, et je le savais très bien, mais ça fait pas de mal les piqûres de rappel) ! Et ça donne envie de découvrir un peu plus ce que fait l'auteur.
Citations :
"Je crois que le fait d'avoir quelque chose à espérer, même si ce n'est qu'un lendemain meilleur, est la drogue la plus puissante de la planète."
"Les seuls monstres que j'aie jamais connus étaient des hommes, répondis-je."
"La vitesse à laquelle les mensonges sortent est stupéfiante. Ils se recouvrent les uns les autres, telles des couches de peinture, jusqu'à ce qu'on ne se souvienne plus de la couleur de la vérité."
2013, 469p.
Editions : Michel Lafon
Titre original : The Storyteller